Bonjour,
vous verrez que Didier est vraiment un expert
Ouhhh làààaa, merci du compliment
, mais je me méfie des experts !
Par exemple pour les destructions de seuils on fait appel aux experts de bureaux spécialisés, qui disposent du jargon et des outils de calcul (simulation de comportement de cours d'eau, etc ...) pour faire gober n'importe quelle conclusion souhaitée par le client, souvent juste dans sa démonstration, mais simplement travaillée dans telle ou telle direction privilégiée, au détriment des autres possibilités laissées sous silence.
Autre exemple, suite à un article de Fabrice Nicolino dans le N° 1238 de Charlie Hebdo (avril 2016), article favorable à la destruction des seuils ("
Royal, amoureuse des murs de béton"), j'avais indiqué à l'auteur qu'il se trompait :
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Bonjour Monsieur Nicolino,
d'habitude je suis toujours épaté par vos articles, c'est du robuste, travaillé, ciselé, avec les sources et tout ce qui va bien, et je suis totalement en phase. Mais là ... Gross Malheur, votre dernier article "Royal, amoureuse des murs de béton" est partial et complètement à coté de la plaque : vous avez juste repris les argumentaires de reporterre.net ou FNE sans enquêter plus avant. Je ne vais pas argumenter, ça me gonfle, moi je suis un technicien, mais je vis depuis des années dans le monde des moulins, et sans être scientifique bac + 10 je sais que le problème majeur de la vie dans les cours d'eau n'est pas la présence des seuils, mais la qualité de l'eau." etc ...
Ce à quoi il m'a répondu :
"
Bonjour, Vous vous trompez, ce qui arrive à tout le monde. Je suis la question des barrages depuis exactement 28 années, et mes sources sur le sujet, ainsi que sur la dynamique naturelle des fleuves et rivières sont parmi les meilleures. Je pense à des spécialistes comme Monique Coulet, , Bernard Rousseau, Roberto Epple, etc. Ce n'est pas parce que nous ne sommes pas d'accord qu'il faut disqualifier l'autre. Bien à vous"
Ce qui me fait rigoler, parce que c'est une vision d'un monde dominé par des spécialistes qui nous dicteraient ce qu'il faut faire, vision totalement à l'inverse des anciens Charlie Hebdo qui justement critiquaient les spécialistes, et dans laquelle je me retrouvais totalement :
Dessin de Reiser, 1941-1983, dessinateur absolument génial et je pense excellent technicien !
Pour la gestion des rivières, les cabinets spécialisés devraient n'être qu'une partie de l'analyse du problème, à contrebalancer par la présence d'associations de riverains propriétaires fonciers, de pêcheurs, meuniers, usiniers, syndicats de tourisme, associations de kayaks ou promenades en barque, historiens, associations de patrimoine, écologistes, des recoupements de résultats d'opérations précédentes, etc, bref une très large consultation, devant se dérouler sur plusieurs mois voire un an, qui ferait émerger un consensus (avec probablement un accouchement douloureux, mais un beau bébé
), démarche à mon avis plus judicieuse que la simple conclusion d'un rapport d'experts ...
Je jouais tout gamin (c'était les années 60 ...) dans un ruisseau de Bellefontaine (88), en y plaçant des petits moulinets en bois, justement près des ruines et du seuil d'un moulin de famille détruit fin XIXème, et la qualité de l'eau n'avait manifestement rien à voir avec ce qu'elle est aujourd'hui, c'est tout simplement
évident, quand je vois aujourd'hui les détritus et mousses de couleurs variées qui décorent le ruisseau, ainsi que l'absence de toute vie, comparée aux croassements de grenouilles, aux salamandres, couleuvres, insectes innombrables, etc etc .. qui pullulaient à l'époque. Le seuil était là depuis des siècles, la vie animale aussi, et elle a progressivement disparu entre 1960 et 2000 environ, le seuil n'a évidemment aucun rôle dans cette disparition, quoi qu'en disent les spécialistes.
Ceci vaut aussi pour les turbines, transmissions, générateurs, etc... le
bon sens, le
pragmatisme, et la connaissance de l'
histoire des mécanismes (roues, turbines, etc...) doivent être à la base des décisions, et les calculs ou expertises ne doivent être à mon avis qu'un complément. N'importe qui ayant vécu dans un moulin ou une scierie ou autre, entraîné par une roue ou une turbine, et qui a vu baisser sérieusement le régime des transmissions lorsqu'on enclenchait tel ou tel mécanisme sait instinctivement ce qu'est la puissance d'une roue ou d'une turbine, et ce qu'on peut en attendre, il connait aussi les contraintes, les grumes coincées dans les vannes, le dégrillage, la gestion des crues et des étiages, etc ... et saura mieux résister au blabla de ceux qui présentent des technologies révolutionnaires.
Allez, au boulot ! et bon W.E.
dB-)