Bonjour,
et bienvenue sur le forum !
Sur ce site il y a trois problèmes :
a) une chute de 1.20 m c'est peu et vous trouverez difficilement une turbine toute faite adaptée (neuve, d'occasion, ou pompe inversée)
b) si vous demandez une installation "clés en mains" à un constructeur, le retour sur investissement sera impossible
c) à fortiori, comme l'indique Arago, la puissance obtenue est faible et les revenus de vente couvriront difficilement les frais de fonctionnement
Donc le cas est intéressant
Surtout, du moins personnellement, pour faire ch... les détracteurs de la petite hydro qui disent que ça produit peanuts !
Ehhh bien ici, en effet, et pour une fois, ça produit des cacahuètes, mais ça vaut le coup de s'y intéresser quand même, car ces 2 ou 3 kW sont un sérieux apport pour un logement (ou groupe de logements, on peut faire du collectif dans un moulin) pour devenir autonome énergétiquement : un peu d'hydro, quelques panneaux PV, des poêles à bois, une bonne isolation, et ouverture de la chasse au gaspi
La première démarche est de retrouver l'existence administrative du moulin ("Droit d'eau", règlement d'eau, etc..), par exemple en allant consulter les archives départementales : c'est tout l'intérêt d'une association ou d'un collectif, l'un des membres peut se spécialiser dans ce domaine, passionnant mais chronophage !
Ensuite il faut planter solidement un piquet gradué (par exemple un piquet en bois avec un mètre à ruban fixé dessus) dans la rivière, près de la berge, disons 10 m avant le seuil, et un autre à la sortie du canal de fuite
Un coup de laser de chantier (à faire une seule fois) donnera la correspondance entre différentes valeurs :
- les deux repères gradués
- la crête du seuil
- le radier de la prise d'eau
- et idéalement un repère NGF à proximité
Exemple, le "250 cm" du repère amont est d'aplomb avec le "375 cm" du repère aval, il correspond à une altitude de 125.33 m, il est à 50 cm au dessus de la crête du seuil et à 123 cm au dessus du radier de la prise d'eau (donc à ne faire qu'une fois !)
Ensuite, prendre une vingtaine de mesures à différents moments de l'année (idéalement une mesure toutes les semaines, voire tous les jours !), allant de l'étiage aux fortes eaux, en notant à chaque fois la date et la lecture du niveau d'eau sur les deux rubans gradués (à l'étiage, l'altitude amont est plus ou moins celle du seuil). Les vannes du moulin doivent être fermées pour ces mesures.
Vous créez un tableur avec 3 colonnes d'entrée de données (date, lecture de la graduation à l'amont, lecture de la graduation à l'aval) et plusieurs colonnes déduites :
- altitude NGF de l'eau 10 m en amont du seuil
- hauteur de la surverse sur le seuil
- altitude NGF de l'eau à la sortie du canal de fuite
- hauteur de chute brute
Ces données ne sont évidemment pas officielles (sauf si vous êtes géomètre..) mais seront très utiles pour caler en hauteur une roue à aubes ou une turbine à action genre Fontaine, et dans une moindre mesure pour caler une turbine à réaction genre hélice, Kaplan, Francis, ..
Si une station hydrologique est installée à proximité, vous pouvez consulter les débits aux dates des relevés de niveau. En l'absence de station, vous pouvez calculer le débit approximatif à partir de la surverse, de la largeur et du type de seuil (paroi mince, ou dessus arrondi, ou en rampe, etc.. Les documents sont quelque part sur le forum). Avec tout ça vous pouvez ajouter une colonne "débit de la rivière" à votre tableau.
Le débit que peut prélever votre moulin peut être approché ainsi :
- mesurer la largeur de la prise d'eau (en m)
- mesurer la hauteur d'eau "normale" (en m) de la prise d'eau (= altitude du seuil - altitude du radier de la prise d'eau)
- le produit des deux donne la section mouillée de la prise d'eau (en m²)
- le débit prélevé autorisé par l'administration (en m3/s) est très probablement le produit de la section mouillée par une vitesse de 1 m/s
- exemple : prise d'eau de 1.20 m de large, hauteur d'eau normale de 70 cm, débit autorisé = 1.20 m * 0.70 m * 1 m/s = 0.84 m3/s ou 840 l/s
Si vous avez pris la peine de faire un relevé quotidien sur un an, vous aurez une idée du potentiel du moulin (du moins pour cette année là), en déduisant le nombre de jours d'utilisation possible à 100 % du débit autorisé, à 80%, 60%, etc..
C'est seulement à ce moment qu'on commencera à y voir clair !
A partir de ces données on pourra en effet concevoir une turbine adaptée au site, mais simple, rustique et pouvant être construite en utilisant les compétences alentour. Une turbine peut être utilisée même sur une chute faible, je connais plusieurs sites présentant seulement 70 cm de chute et qui ont été équipés de turbines fin XIXème.
Si en plus vous pouvez mettre à contribution un organisme de formation (à priori je penserais plus à une formation en chaudronnerie qu'à une école d'ingénieurs, mais bon..), il sera possible de réaliser un équipement à un coût raisonnable.
Bonne journée
dB-)