Je crois que c’est peut-être intéressant de partager avec vous mon expérience d’une restauration de deux turbines Francis.
Tout d’abord je veux remercier DB-), qui m’a encouragé et a été très patient pour répondre à toutes mes questions. Je ne crois pas que sans lui j’aurais fini le travail. Plusieurs fois je me suis demandé si j’allais continuer.
Il faut vraiment du temps (j’en ai, je suis retraité), et beaucoup de patience. Et un peu d’argent quand même aussi. J’estime que toute la restauration m’a coûté environ 3000 €. Mais pour 2 turbines anciennes, qui vont tourner à nouveau, je ne crois pas que c’est beaucoup !
Mais tout d’abord : tenez compte de l’administration qu’il faut faire. Demandez le permis pour faire les travaux, et comment vider le bief. De préférence par RAR !
J’ai fait la demande plusieurs fois au mois de juin 2010, sans beaucoup de réponses ; la police d’eau est venu voir après 4 mois, et dès lors plus rien entendu. J’ai ouvert les vannes principales pour pouvoir travailler à sec au mois de janvier.
Quelqu’un a porté plainte que j’avais baissé le niveau de la rivière au mois de mars 2011, et j’ai reçu un procès-verbal de l’ONEMA au mois de juin 2011. Infraction de 5eme catégorie, tribunal, amande de 1500 à 3000€.
Je n’ai pas bien dormi avec cela. Je l’avais demandé, et je n’ai vu aucun poisson mort. En plus, avec les vannes principales ouvertes, il y avait une passe poisson impeccable.
Mais cette semaine j’ai reçu une lettre de transaction pénale : amande de 375€, pas aller au tribunal ; dépôt d’un dossier de déclaration pour le projet global dans lequel s’inscrit la vidange constatée. Je ne sais pas encore complètement ce que cela implique, mais j’ai signé le papier, et demandé plus d’infos.
Entre temps, je n’ai toujours pas reçu l’accord pour pouvoir turbiner ; mais je crois qu’ils seront obligés de me le donner.
En tout cas, j’ai fait récemment un contrat pour protection juridique… je vous le conseille aussi. Vous en aurez peut-être besoin.
Autre chose : puisque le niveau du bief est bas (ou même à sec), faut faire attention au cambrioleurs ! J’en ai reçu deux. Vol de fusil et cartouches (je chasse les ragondins). Pas amusant, faut prendre des précautions !
Bon : voilà mon histoire :
En juin 2010 j’ai acheté un moulin (Chardin/Delacre) à Villiers-les-Moines (Côte-d’Or). Moulin à cheval. Tout complet, toutes les meules et machines sont toujours là. A tourné jusqu’en 2000 à dit le propriétaire, mais me semble improbable. Un des fermiers de la région m’a dit que les turbines ont tournées jusque ’80, et vu le calcaire dans la plus grande turbine, cela me semble plus correct.
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Le moulin se trouve sur la Laignes, qui a un débit assez bas. De 1 m³ (en été) à 12 m³ (en hiver). Chute de 2-2.5m au moulin.
Se trouve sur les cartes de Cassini, et on parle même de ‘molendinis’ à ‘Villaris’ (latin : moulins, Villiers) dans le cartulaire de l’Abbeye de Molesmes en 1106. Vieux site alors. Il y a même une meule gallo-romaine dans le moulin.
Le moulin comme il est maintenant a été construit en 1852 par Mr. Chardin ; avant 1914 il y avait une grande roue de +- 3 m de large, avec une vanne devant.
Après, on a mis les turbines :
Une petite, que j’estime dois faire 10 CV, (aucun plan, pas de date de pose, sur le béton on trouve 1914 ? serrait possible)
Et une plus grande, dont j’ai trouvé le plan, fait 25-30 CV.
Celle là a été construite en 1910 pour une scierie à Polisy, et placé au moulin en 1926.
Les travaux :
Barrage dans le bief pour pouvoir travailler à sec au mois de mars. (trop tard ! la police est arrivé quelques jours plus tôt ; procès-verbal ensuite)
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D’abord, baisser le niveau de l’eau, et voir la boue qu’il y a sur les turbines !
Tout était couvert, à presque 1 m de hauteur.
Enlever cela avec une pompe et à la pelle.
Je fais presque tout tout seul, ça m’a pris quelques semaines (on pourrait faire venir une entreprise pour cela, mais j’ai le temps et de la patience…).
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Une fois vidé, nettoyer au Kärcher. C’est bon pour enlever la boue, mais pour rien d’autre.
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Essayé hydrosablage : vaut rien : on enlève un peu plus de saletés, mais ça commence à rouiller tout de suite.
Sablage à sec : le meilleur, le plus vite, mais assez cher s’il faut louer tout le bazar.
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Je l’ai fait pour la grande turbine : d’abord l’extérieur, et après avoir enlevé les directrices, une seconde fois l’intérieur.
Mais avant de pouvoir sabler l’intérieur, il fallait enlever la couche de calcaire. Sûrement 5 cm de chaque coté des pales, enlevé avec un petit marteau et burin pour ne pas casser la fonte. Puisque la ‘grande’ est toute en fonte.
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(voulais mettre des photos en plus pour le suivant, mais ça n'allait pas)
(N’oubliez pas de mettre tout ce que vous enlevez des turbines à la même place : numérotez tout ! vous le verrez dans les photos que j’ai fait aussi)
Mais enlever les directrices : c’était vraiment un calvaire. Fallait enlever les axes ! J’ai essayé tout : WD40, mélange fioul/huile –tremper pendant quelques semaines ; aucun moyen. A ce point là j’ai pensé de m’arrêter…
J’en avais parlé à un garagiste d’ici, qui fait pas mal de travail agricole. Me dit : chalumeau ! C’est ce qu’on a fait, pas facile, mais on y est arrivé. Rien de cassé !
Après tout cela, mettre en peinture.
Révépoxy, c’est ce que j’ai utilisé pour la grande. Vraiment une merde pour peindre : trop épais ; j’ai utilisé le mélange prescrit, mais n’allait pas bien…
Pour la turbine même j’ai utilisé une peinture que mon père avait encore pour bateaux (coal tar epoxy – on ne le fabrique plus) – allait tout seul.
Une fois la ‘grande’ faite, on se demandait se qu’on allait faire ; on m’avait déconseillé de commencer à refaire la petite, puisqu’elle semblait être moins solide.
Mais je me disais : quand il y a moins de débit dans la rivière, on pourrait utiliser la petite quand même ? La grande utilise 2-3 m³/s, et la petite 1m³/s j’estime.
Et on avait quand-même encore le courage de commencer à refaire la petite.
Ça allait 5 fois plus vite! Expérience ? Plus simple ? Sais pas, mais ça allait bien !
Suis content de l’avoir fait !
Démontage avec des palans (2), quelques soucis pour enlever le couvercle (utiliser un levier), nettoyer les directrices avec une meule (pas de sablage cette fois ci), mettre en peinture avec de la peinture pour bateau, mélangé avec du Rustol.
Heureusement cette turbine était en acier, pas en fonte ; plusieurs pales cassées/tordues à cause d’un caillou qui a entré dedans ; mais on les a redressées/soudées.
Juste pour remettre les directrices de cette turbine il fallait être à plusieurs (fallait les mettre toutes ensemble). On était à 4 pour faire cela.
Je serai content de pouvoir turbiner…
Et mon fils commence à faire l’installation des alternateurs maintenant.
Si quelqu’un est intéressé, les turbines seront toujours à sec jusqu’au mois de septembre/octobre. Aucun problème pour visiter !
Espérant de ne pas avoir fait de grandes erreurs en français
(je suis néerlandophone)
Eric. (Le ‘Belge’ de Laignes)
